Au Chili, plus de quatre ans se sont écoulés depuis la crise sociale qui avait éclaté en octobre 2019 et où la population réclamait de meilleures conditions de vie. De grandes manifestations avaient duré pendant plusieurs semaines partout dans le pays, et des débordements avaient donné lieu à des affrontements violents avec les forces de l’ordre. Trente quatre personnes sont mortes et selon l’Institut national des Droits de l’Homme plus de 3.500 civils ont été blessés, un chiffre en réalité plus élevé. Et parmi les victimes des centaines de personnes ayant subi des traumatismes oculaires causés principalement par des tirs de flashball. Ces éborgnés, symbole de la violence parfois extrême des carabiniers, se sentent aujourd’hui bien seuls, complètement abandonnés par l’État chilien.
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de notre correspondant à Santiago,
Au Chili, plus de 450 personnes ont partiellement ou totalement perdu la vue en l’espace de quelques semaines, au cours de ces manifestations.
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Un chiffre inédit, comme l’explique Patricio Bustamante, professeur à la faculté de Médecine de l’Université du Chili. « Il y a eu quelques comparaisons avec le conflit entre Israël et les Palestiniens mais il n’y a pas dans la littérature scientifique d’autres cas avec autant de victimes de traumatismes oculaires et dans un laps de temps si court. »
Son collègue Joaquin Varas, professeur assistant dans la même université, ajoute que 80 % des victimes étudiées dans le cadre de leur enquête, présentent une cécité totale de leur œil affecté. « Ça veut dire passer de la vision en 3D à la 2D, comme si on regardait un dessin. Il y a des personnes qui, face à cette difficulté, ont eu des problèmes pour continuer leurs études ou poursuivre leur travail. Certaines ont dû changer de profession. »
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Changer de métier, de vie
C’est le cas de Natalia Aravena, 29 ans. La jeune femme était dans une manifestation lorsqu’elle a reçu une bombe lacrymogène en plein visage. Elle a perdu son œil droit et depuis tout a changé pour cette infirmière. « Je m’occupe de patients en psychiatrie. Et puis, j’ai perdu confiance en moi car en psychiatrie il ya toujours le risque qu’un patient en crise vous agresse, et avec un seul œil j’ai senti que ça pouvait me mettre en danger. J’ai donc arrêté et aujourd’hui je passe des commandes pour des fournitures médicales, c’est un travail de bureau. »
Mais c’est aussi dans les petites choses simples de la vie quotidienne que tout a changé.
« Remplir un verre d’eau, c’est devenu compliqué, poursuit Natalia. J’ai dû réapprendre à me déplacer dans l’espace car je me cognais partout. Me déplacer dans la rue aussi car je me sentais en danger, je pensais que j’allais recevoir un coup dans l’œil, chaque bruit un peu fort me faisait sursauter… »
Elle est aussi passée par des moments très difficiles. « J’ai eu du stress post-traumatique ; il ya peu j’ai fait une dépression, j’ai des crises d’angoisse… Et puis mon visage a changé aussi. Mon image a changé, j’ai dû m’habituer à ma prothèse. »
Pas assez de soutien de l’État, ni de réparation
En outre, Natalia se sent aujourd’hui abandonnée par l’État, car même s’il ya eu des programmes pour venir en aide aux victimes ils sont insuffisants : pas assez de personnel, turn-over des médecins, manque de suivi et d ‘accompagnement psychologique et social.
Alors, comme beaucoup la jeune femme a décidé de se débrouiller seule mais avec de lourdes conséquences financières. « La chirurgie, les consultations ophtalmologiques, le psychiatre, c’a à été des dépenses supplémentaires, les médicaments aussi. Ça n’était pas pris en compte dans le programme et donc pour beaucoup ça s’est traduit par des pertes économiques importantes. »
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Et après quatre années d’enquête, Natalia n’a pas plus obtenu réparation auprès de la Justice, l’enquête avance très lentement.
« Les institutions nous mettent des bâtons dans les roues, surtout la police », nous explique Alejandra Arriaza, avocate et défenseure des Droits de l’homme qui représente plusieurs victimes de traumatismes oculaires. « Les Carabiniers n’ont pas transmis les images de leurs caméras embarquées. Des vidéos ont été trafiquées. Des preuves ont également été détruites. Ils ont tout fait pour entrer dans l’enquête. Et de son côté, le ministère public n’a pas non plus accordé l’importance requise à toutes ces affaires. »
Selon l’avocat seulement 5 % des victimes ont pu obtenir un semblant de réparation. Une détresse et un abandon si fort pour certain que c’en est devenu insupportable : en quatre ans, quatre victimes de traumatismes oculaires se sont ôtées la vie.
Lecture:
Fortune de France, tome 13 : Le Glaive et les Amours.,Clicker sur ce lien .
Le crépuscule de la France d’en haut.,Fiche complète.
Quand Robespierre et Danton inventaient la France.,Description de l’éditeur.
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