Pendant que la France s’émerveille de jour en jour des dizaines de médailles décrochées par les athlètes français, l’heure d’un semblant de congé a sonné pour l’exécutif. Secrétaires d’État, collaborateurs et ministres profitent enfin, pour la plupart, d’une rapide semaine de vacances contre deux ou trois les années précédentes. Un comble pour un gouvernement « démissionnaire ».

Sud-ouest de l’Hexagone, banlieue parisienne ou encore bord de mer, l’exécutif s’éloigne le moins possible alors qu’un probable conseil des ministres pourrait avoir lieu dès ce lundi 12 août.

Chaque année, la règle est tacite : le lieu de vacances doit être à moins de deux heures de la capitale et, en cas de besoin, le ou la ministre doit être en mesure de réagir au plus vite. Un devoir d’autant plus prégnant au lendemain d’une dissolution laissant le pays sans majorité claire.

Qui plus est en pleins Jeux olympiques où Paris accueille le monde entier. Hors de question de se rendre à Zanzibar comme le fit Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères en 2013…

Des ministres coincés à Paris pour les JO

Plus que tout autre, l’été ne peut être celui d’aucune polémique. « Tout le monde a pris ses responsabilités en ces temps historiques », explique Prisca Thevenot, l’actuelle porte-parole du gouvernement en vacances en banlieue parisienne. « Gabriel Attal ne nous a évidemment pas appelés pour nous rappeler la règle », souligne l’ancienne secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel.

Personne ne déconnecte vraiment, c’est le métier qui veut cela.

Mais alors que la France accueille son plus grand événement sportif depuis plus d’un siècle, impossible pour les membres du gouvernement de totalement se mettre à l’arrêt. « Personne ne déconnecte vraiment, c’est le métier qui veut cela », confie une membre d’un cabinet ministériel.

« Pour ma part, je reste en veille, je réponds aux journalistes et je vérifie qu’aucune fake news n’émerge », rassure Prisca Thevenot, qui signe encore quelques déplacements, comme ce mercredi, au parc des JO de Seine-Saint-Denis.

Mais quand certains sont déjà partis, d’autres se doivent encore d’attendre. « Les ministres directement impliqués ne peuvent évidemment pas quitter Paris avant la fin des JO », explique le proche d’un ministre. Ainsi, Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Amélie Oudéa-Castéra ou encore Bruno Le Maire sont dès lors toujours dans la capitale.

Pour le ministre de l’Économie d’ailleurs, au-delà de la fête sportive, il y a aussi le budget de l’État pour l’année 2025 à ficeler avant de partir quelques jours, comme chaque année en compagnie de sa femme et de ses enfants, à Saint-Pée-sur-Nivelle, dans les Pyrénées-Atlantiques.

De longues vacances à venir ?

Si elles sont de courte durée, les vacances seront néanmoins, à coup sûr, le moment opportun pour chacun de tracer un bilan après une année politiquement extraordinaire. Avec un remaniement et une crise agricole en janvier, une défaite européenne, une dissolution et une campagne législative éclair en juin, la première moitié de l’année n’aura clairement pas été de tout repos pour cet exécutif.

Suspendus pour le moment à la décision présidentielle de nommer un nouveau gouvernement, les ministres démissionnaires s’efforcent désormais depuis le lundi 8 juillet – date à laquelle Emmanuel Macron a refusé la démission du gouvernement Attal – de gérer simplement les affaires courantes.

Tous les chantiers d’avant dissolution sont désormais relégués au second plan. Un crève-cœur pour certains. « À vrai dire, il y a un sentiment d’inachevé et de crainte pour la suite », confie amèrement l’entourage d’un ministre. « On a beaucoup travaillé et au final, on ne peut même pas le montrer », regrette une autre collaboratrice.

Tandis que certains ministres savent d’ores et déjà pouvoir regagner, à terme, les bancs de l’Assemblée nationale en tant que simple député, d’autres au contraire naviguent à vue. Leurs heures sont comptées et l’après est déjà à entrevoir.

Sans mandat parlementaire, dix-huit membres du gouvernement sur trente-cinq se savent inéluctablement plus proches de la fin que de leurs débuts. Avec, comme perspective, de véritables vacances, sans doute plus longues qu’initialement prévues.