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Chaque année, le 20 décembre, La Réunion commémore l’abolition de l’esclavage de 1848. Ce jour symbolique est férié depuis 1983. Une façon de ne pas oublier le passé de l’île, mais également d’honorer les ancêtres et de célébrer la culture locale, née des identités plurielles de l’île.
Le « 20 désanm » (20 décembre en créole réunionnais, ndlr), l’autre nom de la Fet’ Kaf, est peut-être l’une des dates les plus importantes pour les Réunionnais, emblématique de l’histoire de l’île et de la liberté rendue à ses habitants, autrefois esclaves. Ce jour férié est une grande célébration sur l’ensemble de cette île de l’océan Indien, d’autant plus importante que c’est la première fois qu’a lieu cette commémoration sans aucune restriction depuis que la pandémie de Covid-19 est passé par là.
Fet’ Kaf signifie « la fête des Cafres » en créole réunionnais, ce mot désigne la population d’origine africaine présente sur l’île. L’emploi du terme « kaf » est une revendication claire des origines africaines des Réunionnais et il est plus fréquemment employé depuis le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage de l’île qui a eu lieu en 1998, rappelle Philippe Bessière, historien et membre de l’association Rasin Kaf, qui promeut la culture réunionnaise et la mémoire de l’esclavage. Pour lui, cette date est l’occasion » d’assumer l’histoire de l’île et ses origines ».
Si la date officielle de la Fet’ Kaf est le 20 décembre, de nombreux événements ont lieu en amont : des défilés, des commémorations, et des kabars (fêtes alliant musique traditionnelle et danse, ndlr), mais aussi des activités de médiation culturelles avec les enfants. Les festivités ont lieu dans les différentes communes de l’île, mais aussi dans des lieux chargés d’histoire comme d’anciens camps d’esclaves, le musée Stella Matutina, qui était autrefois une usine sucrière, ou encore le musée historique de Villèle , l’un des plus importants musées de l’île, dont la propriété appartenait à la famille Desbassayns, propriétaire terrien et esclavagiste au 18e siècle. Aujourd’hui, ce musée est un lieu incontournable pour célébrer l’abolition de l’esclavage et rendre hommage à ceux qui se sont battus pour leur émancipation et leur liberté.
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Être fier de son identité réunionnaise
De par l’histoire du peuplement de l’île, les origines des Réunionnais sont multiples : malgaches, indiens, chinois, pour ne citer qu’elles. Pour Éricka Bareigts, maire de Saint-Denis, la célébration du 20 décembre s’ancre dans « une démarche de connaissance et d’émancipation ». C’est « revendiquer fièrement ce que signifie être réunionnais, avec la diversité d’identités que cela implique ». Un moyen aussi, estime la maire, de lutter contre le racisme et d’unifier tous les habitants de l’île, peu importe leur origine.
Aleksand Saya, artiste réunionnais, dont la musique est une fusion entre le maloya et des sonorités plus électroniques, considère que la célébration de l’abolition de l’esclavage permet aussi de réfléchir au concept de liberté. « Cet héritage que l’on a est mis en valeur durant la Fet’ Kaf et cela permet aux habitants de La Réunion de parler de leur culture, mais aussi de leur rapport avec l’Afrique qui peut parfois être un peu tabou. »
Cette date est donc intimement liée aux racines des Réunionnais : « On honore nos ancêtres en cette date qui symbolise la libération des esclaves, explique Sandra, qui vit dans le sud de l’île. C’est une date qu’il faut faire perdurer et transmettre à nos petits-enfants afin qu’il y ait une continuité, qu’on n’oublie pas l’histoire. C’est très important. »
Le maloya ou « la communion avec les ancêtres »
Impossible de parler de la Fet’ Kaf sans évoquer le maloya, puisque ce genre musical de l’île, qui comprend également du chant et de la danse, fait partie intégrante de l’héritage de La Réunion. Et selon l’historien Philippe Bessière, c’est le maloya qui permet une communion avec les ancêtres » lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Le maloya est la musique qui célèbre la liberté, mais il ne faut pas oublier que c’est « une musique qui a été longtemps interdite » rappelle Éricka Bareigts. Le maloya, entré au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2009, se joue entre amis, en famille ou dans la rue et fait la fierté des Réunionnais.
Jean-Claude, membre du groupe de maloya Mielo considère que la Fet’ Kaf est un tout : « C’est la défense de notre patrimoine et de notre culture ». La Fet’ Kaf apparaît donc comme une célébration de la libération des esclaves, mais aussi de manière plus actuelle comme la défense de l’identité réunionnaise qui passe par la musique, ses instruments, mais aussi par l’utilisation du créole réunionnais.
Olivier, un père de famille originaire de la ville de Saint-Paul, assiste chaque année aux festivités avec sa famille. C’est une date dont il parle souvent avec ses enfants, âgés de 5 et 10 ans et qui connaît déjà les chansons de Danyèl Waro ou Firmin Viry, tous deux des chanteurs réunionnais emblématiques du maloya. Le maloya et le créole ont donc une place importante dans la transmission de la culture réunionnaise aux plus jeunes générations.
Alors que ça soit en petit comité ou lors de grandes commémorations, chaque Réunionnais célèbre la Fet’ Kaf à sa manière, mais toujours dans une démarche de partage et de fête, afin que le passé ne soit jamais omis.
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